• Ma rencontre avec Godzilla.

    Autour d’un café avec Béa, une amie d’enfance.
    Alors comme d’habitude, je parle, je parle et je reparle encore, on rigole ensemble.
    Tout va bien, enfin presque.
    Je sens ma copine bizarre, un peu fatiguée.

    - Il y a un truc qui ne va pas ?
    - Si, si ça va, j’ai  quelques soucis au taff mais je me prends surement la tête.
    - Ben, raconte quand même. Je peux t’aider, on fait le même boulot.
    - Rien à voir avec ça, c’est ma nouvelle responsable depuis qu’elle a pris son poste c’est galère.
    - C’est-à-dire ?
    - Elle est souvent sur mon dos, en fait au début tout allait bien. Je lui montrais le fonctionnement de la boite, on a même mangé deux-trois fois ensemble et puis là, je ne comprends pas, elle a totalement changé. Saut d’humeur, elle a modifié toute la disposition du bureau. Maintenant je me retrouve dos à la porte.
    - Bouh, c’est affreux ça,  donc tu te retournes tout le temps ?
    - Un jour, elle rentre comme une furie, me balance un dossier  sur le bureau et me demande de tout recommencer.
    - Ah ouais, et c’était quoi le problème ?
    - La mise en page.
    - La mise en page ?
    - Oui, comme quoi, je ne savais pas faire et encore moins compris ses explications pour le titre, les sous-titre etc.
    - Dis donc, il lui faudrait un petit coup de quéquette à ta responsable…
    - Ben, je pense un peu comme toi. C’est comme ça tous les jours. Elle n’est jamais satisfaite de mon travail, me pose vingt fois les mêmes questions. J’ai beaucoup de mal à supporter sa pression.
    - Mais euh, t’en a parlé avec elle ?
    - Je n’y arrive pas. Je me sens comme une merde devant elle, j’ai même peur d’elle.
    - Et le Big Boss ?
    - Pas facile, il ne jure que par elle. Même avec lui les relations se sont dégradées.
    - Et avec les autres employés ?
    - Certains baissent la tête quand ils me voient et d’autres me souhaitent bonne chance quand j’arrive le matin.
    - Mince tu travailles avec Godzilla !!!

     

    Ma rencontre avec Godzilla.

     

    - Ben, il parait qu’à son autre taff,  les filles ne restaient pas, toutes partaient et même certaines au bout d’une semaine.
    - Tu en parles à ton chéri.
    - Là aussi ce n’est pas évident. Je n’ai pas envie de me plaindre tout le temps. Et lui dire quoi, qu’aujourd’hui elle a fait une descente d’organes parce que j’ai utilisé un stylo noir au lieu du bleu ou que le matin, elle me remet sur mon clavier des documents jetés la veille avec marqués sur un post-it : à revoir, alors que c’est de la pub. Des matins, j’ai même droit à des remarques sur mes vêtement ou ma coupe de cheveux.
    - Mais c’est du harcèlement !
    - Tu crois ?
    - C’est évident !
    - Faut que je fasse quoi ?

     

    °°°

    Et oui, c’est la bonne question : que faire face au harcèlement ?
    J’avoue, je n’ai aucune réponse.
    Je veux juste dire aux personnes dont les proches vivent ce genre de situation de prendre conscience qu’il faut vraiment les soutenir.
    J’ai souvent entendu des réflexions du style « pas de caractère »,  « trop faible », « trop émotive » ou à l’inverse « trop de caractère », « ne se plie pas devant sa hiérarchie ».


    En gros, c’est un peu la faute de la victime.
    Il faut savoir que souvent le harceleur, fait des remarques futiles voire sans conséquences. Des choses que l’on peut rarement répéter tellement c’est bêtes.
    Le problème est la répétition de leurs actions soi-disantes anodines qui détruisent l’autre.
    Nous avons plus tendance à intervenir quand il s’agit de  harcèlement dans le couple ou sexuel mais rarement lorsque cela se passe au travail.

    Alors oui, je n’ai pas de réponse contre le harcèlement moral au travail, je voulais juste dire que ce n’est pas la faute de la victime et qu’il faut en tant qu’amis, famille … vraiment la soutenir, écouter ce qu’elle nous dit afin qu’elle ne se retrouve pas seule face à ce problème.

     

    En commentaire, je vous invite à vous lâcher et raconter sans gros mots et menace de mort, votre rencontre avec Godzilla.

     

     

    « J'avais besoin de le dire...Gâteau à la framboise. »

  • Commentaires

    7
    Mardi 3 Juin 2014 à 12:14

    Ici, j'ai vécu une situation difficile au travail alors que j'étais en alternance dans une SSII (société de services en informatique).

    Je devais faire de la prospection sans connaitre les clients et les projets actuels oO ... Comment donner des références aux prospects pour qu'ils nous fassent confiance ?
    Aussi, à tout moment, je risquais de contacter des prospects qui en réalité étaient déjà clients ... Je devais me débrouiller avec les pages jaunes, aucune information ne m'était donnée.

    Je n'avais pas le droit de fermer la porte de mon bureau. On ne sait jamais, au cas où je fasse une sieste, ou pire, que je bosse sur mon mémoire ... Je me suis faite incendiée une fois où le chef m'a trouvé en train de bosser dessus ... Tous les stages que j'avais fait auparavant dont un stage de fin d'études d'école d'ingénieur, m'avaient permis de faire une partie de mon mémoire pendant les heures de boulot puisque ça servait aussi à l'entreprise ...

    Mes conversations avec les employés étaient épiées. Ensuite, j'avais des remarques comme quoi j'avais dit exactement ceci ou cela à un tel ou un tel et qu'il ne fallait pas. Je ne me rappelais même pas que j'avais dit ce genre de choses.

    Quant aux horaires, alors que j'avais galéré des mois, en panne de voiture, à faire une heure de bus au moins matin et soir en plein hiver avec je ne sais combien de correspondances alors que j'étais à 10 minutes en voiture de chez moi, et que je n'avais jamais été une seule fois en retard, un jour, on m'a reproché de partir à 17h un vendredi soir où il neigeait et que j'avais 120 km à faire .... Et oui, ça ne se faisait pas de partir si tôt pour un commercial !

    Aussi, je n'avais pas le droit de recevoir des étrangers en entretien d'embauche ... Vous comprenez, c'était trop de paperasse.
    Quand il venait aux oreilles du chef que quelqu'un cherchait à partir, il faisait en sorte que cette personne soit en intercontrat, lui demandait de venir au siège, la plaçait à un bureau, sans ordinateur de façon à ce que les journées soient si longues qu'elle finisse par craquer et démissionner (ce sont les termes qui sont sortis un jour de sa propre bouche).

    Et ce n'est qu'un petit aperçu de ce que j'ai vécu. J'ai fini sous anxiolitiques, en arrêt de travail 3 semaines avant la fin de mon alternance. Heureusement pour moi, le responsable de la formation avait bien cerné le personnage et était conscient du boulot que je fournissais. Ils ont validé mon diplôme.

     

    6
    Dimanche 1er Juin 2014 à 20:05

    Waouh.... Magnifique happy end.

    mais je reste quand même choquée de la violence tant physique que verbale de cette femme. J'ai connu des emmerdeurs mais je te décerne la palme d'or.

    en tout merci pour ton témoignage que est pas mal, bien écrit... As-tu un blog, histoire de faire un tour.

    5
    misstomate
    Samedi 31 Mai 2014 à 00:07

    Ma godzilla : une chef d'équipe, un an plus agée que moi. Moyenne d'age de l'équipe : 22 ans. Une bonne équipe, des collègues sympas, malléables à souhait.

    Une godzilla de 15 cm de moins que moi, 15 kg de plus. Elle n'a pas digéré ma taille mannequin.

    Insultes, violences, pour lesquelles je me suis défendue au début. La première fois qu'elle m'a lancé la brosse du tableau en pleine tête parce que je regardais l'écran de trop près à son gout, je ne l'ai pas vu venir. Ca fait mal, une brosse lancée à pleine vitesse par un troll bouffi et tout velu dégoulinant de haine.

    La deuxième fois qu'elle l'a lancée, j'étais sur mes gardes, je l'ai attrapé au vol (la brosse pas godzilla), l'ai posé à coté de moi et lui ait dit de venir la chercher, mais qu'elle avait intérêt à courir vite derrière. Elle n'est pas venue. Je pouvais voir dans le regard de certains le rêve que je lui retourne dans la figure. C'était lui faire trop d'honneur (en vrai, je ne sais pas viser, ça aurait fait tâche ;) ).

    Puis ça a continué, des fois c'était toute l'équipe, des fois c'était en particulier une personne parmi ses trois victimes préférées. J'étais du genre à répondre quand ça allait trop loin seulement, pour des broutilles, je laissais couler. Je n'aurais pas du, j'en ai au moins retiré ça. Mais à chaque victoire, c'est comme si godzilla gagnait deux vies, une vie dédiée à la méchanceté, une vie dédiée au vice et à la manipulation.

    La moitié de l'équipe était en CDD alors Godzilla s'en est donné à coeur joie, nous voulions tous être prolongés, beaucoup acceptaient l'inacceptable. Jusqu'au jour où il y a eu le pétage de plomb de trop, où godzilla a failli se péter les cordes vocales de rage parceque j'avais parlé à l'ingénieur sans sa permission. C'était aussi le jour où je devais signer la prolongation de mon CDD.

    Je n'ai pas signé, et devant la DRH déconfite qui ne comprenais pas, j'ai fini par lacher le nom de Godzilla. C'est tout ce que j'ai pu dire, d'ailleurs. Je m'en suis voulue de les planter là, de manière imprévue, mais avec le recul, je me dis que c'est mon employeur qui m'a planté, tout le temps où la direction a fermé les yeux sur le comportement de Godzilla.

    Deux semaines après mon départ non prémédité, j'ai retrouvé du travail. Payé double, une équipe sympa et soudée, et pas de godzilla à l'horizon.

    Durant ses crises de rage, godzilla nous répétait que nous n'étions que des larves, qu'elle allait se barrer et changer de métier pour ne plus voir nos faces de nases. Grace a Godzilla, qui nous a communiqué des informations sur les formations, persuadée qu'elle seule pouvait y prétendre grace à son sacro saint CDI, j'ai décroché des financements pour la formation qu'elle même disait vouloir faire.

    J'avais été nommée plusieurs fois pour des promotions, le fait que je claque la porte sans rien derrière a été le déclencheur pour la RH, qui est devenue sensible à la gestion du harcèlement, d'après les échos que j'en ai eu.

    Un an après mon départ, Godzilla s'est fait virer pour harcèlement moral.

    Conclusion, merci godzilla pour ta betise, cela m'a permis d'évoluer comme tu le souhaitais toi (et au dernière nouvelles, je suis plus diplomée que toi. Je m'en balance, mais pas toi, je le sais...)

    4
    Jeudi 29 Mai 2014 à 18:57

    Coucou,

    merci pour ton conseil... Je pensais la même chose mais je ne savais si cela pouvait se faire.

    Désolée pour tes trois mois de galère, moi aussi j'ai eu un délire comme ça dans une boîte. Pour un CDD, les filles se sont mises en tête de me pourrir la vie pour que je ne pique pas la place de celle que je remplaçais pour son congésmaternité...

    c'était super chaud...

     

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    3
    Jeudi 29 Mai 2014 à 14:50

    moi aussi j'ai connu une situation assez similaire, j'ai tenu 3 mois et j'ai démissionnée. Pourtant j'aimais beaucoup ce travail mais je tenais plus... tu peux conseiller à ton ami d'enregistrer un de ces petages de plombs (maintenant on peut enregistrer facilement avec un lecteur mp3 ou un smartphone, voire même utiliser la webcam du pc...), de constituer un dossier et là d'aller voir le bigboss qui sera obligé de regarder la réalité en face. Il en faut du courage pour continuer à travailler dans ces conditions, alors faut pas laisser trainer !

    2
    Mercredi 28 Mai 2014 à 15:18

    C'est vrai que le plus ennuyeux c'est le fait de ne pas pouvoir calmer ces personnes avec une discution... J'ai souvent remarqué que c'était pire après.

    sinon, je suis d'accord avec toi sut le fait de tout consigner et d'en parler à la médecine du travail... Note pour plus tard.

    1
    Mercredi 28 Mai 2014 à 11:42
    Estamillia

    ha tiens, j'ai la même à la maison (enfin au boulot), je me défoule sur twitter avec mon hashtag fétiche #machefestunegrosseconne (oui désolée, pour les gros mots, c'est loupé :p )


    sinon, parler avec la médecine du travail est une des étapes conseillée en cas de harcélement. Pour moi ça n'a pas servi à grand chose, mais ça laisse des traces en cas de procédure future.

    C'est vraiment pas anodin de subir ce genre de pression, il ne faut pas se laisser écraser, et en même temps, ce genre de personne, il vaut mieux éviter la confrontation directe (j'ai testé, c'est vraiment pas une bonne idée).

    Par contre, il faut absolument garder toutes les traces des remarques déplacées et essayer de faire bouger la hiérarchie, ou les syndicats.

    Bon courage Béa ! ^^

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