• En fait, je n’ai pas trente-sept ans mais Vingt-sept…

    Je suis la dernière d’une famille de quatre enfants. Pendant longtemps, je pensais être en trop, que je n’avais pas ma place. J’avais toujours cette impression de marcher à coté d’eux.

    La plus jeune donc forcement je n’avais les mêmes jeux et les mêmes attentes que les autres. Ce sentiment qui m’était propre dura jusqu’à mes dix ans.

    Mon frère et mes deux sœurs m’aimaient et me le montraient. On s’amusait ensemble mais pas longtemps, au bout d’un moment je les saoulais.

    J’ai toujours eu cette impression de rien leur apporter ou leur apprendre. Normal, étant la benjamine, celle qui apprenait et ben c’était moi.

     

    Puis il y a eu ce jour, un dimanche matin j’avais dix ans. Comme à notre habitude, nous nous retrouvions tous devant les dessins animés et nos bols de céréales dans le petit salon, nos parents prenaient aussi le petit déjeuner dominical avec nous. C’était un moment convivial.

    Mon père avait pour habitude de lire son journal, Le Monde. Il y passait sa journée, j’adorais le voir concentré devant cette liste de mots écris en tout petit. « Il faut lire le journal mes enfants, c’est important ».

    Donc, ce dimanche matin, mon père récupère son journal fraichement acheté avec les pains chocolat. Nous avions mis  les clips à la télé et le trop de bruit le fit fuir dans sa chambre. Cinq minutes plus tard, mon papa et détail important était en pyjama, avait les cheveux hirsutes et la tête d’une bonne grâce matinée,  débarque dans le petit salon, l’air mi- hagard mi- inquiet, son  journal  grand ouvert devant lui et nous le montre comme s’il avait lu la pire des nouvelles de sa vie et nous balance tout de go, attendant une réponse logique : « On m’a volé la moitié du monde ! » 

    Bien sur, il parlait de son journal Le Monde mais moi, Je me suis prise un fou rire. Il surenchérit agitant à bout de bras sa feuille de chou : "Mais regardez, quelqu'un m'a volé la moitié du monde", je suis tombée de ma chaise en me tenant le ventre, je rigolais sans pouvoir m'arrêter. Je regarde ma mère et mon frère pour voir si mon hilarité les avait contaminé mais non , ils me regardaient inquiets comme si ça y est : « j’étais devenue folle alliée ». Pour leur faire comprendre ma soudaine euphorie je leur dis entre deux soubresauts : « On lui a volé la moitié du monde, ahana… et il a lu ça dans le journal ahahah... » Les trois se regardent, comprennent et nous voilà tous ensemble explosaient de rire.

     

    Ce jour là, j’ai compris que j’étais un membre à part entière de cette famille. J’ai pris confiance en moi d’ailleurs elle ne m’a jamais quitté. J’ai fait plus de sport, du rollers sur le parvis de Trocadéro à sauter les trois marches, les quatre puis les douze, à dévaler les rues à une vitesse folle, à me péter la figure, à avoir mal mais ça ce n’est que sur le moment, à me relever et à repartir, j’étais enfin libre. Cela m’a permis de me lâcher avec une espèce d’effronterie à toute épreuve. Je me suis mise à lire aussi, de plus en plus, à m’épanouir. Par contre, j’étais toujours aussi nulle à l’école mais je m’en moquais puisque j’étais vivante.

    Pour la première fois de ma vie, moi la benjamine, je leur avais apporté quelque chose : mon humour, ma réflexion, moi tout simplement. J'existais enfin.

     

    Comme cela s’est passé l'année de mes dix ans soit pour moi « la première année de mon existence », vu que je suis née en 77 donc si je prends un, que je retiens deux, à cela se rajoute un peu de relativité et que Pi, c’est plusieurs chiffres après la virgule, on peut dire alors que j’ai 27 ans et non 37. Hein ?

     

    Blague à part, des délits de compréhension qui m’ont fait rire toute seule, j’en eu pleins.

     

    Les membres de la famille de mon ex, sont des protestants ultra pratiquants. Je précise ultra parce que c’est prière matin, midi et soir avec ça une envie de convertir le monde (dont moi qui suis totalement athée). Un jour, la maman, revient avec deux beaux paniers chargés de mûres. Toute contente, elle me les montre et me dit qu’elle y retourne le lendemain. Je lui propose de venir avec elle, parce que j’adore manger les fruits sur « l’arbre ».

    Le lendemain, elle et son mari me regardent tout mielleux et me sortent : « on préfère aller au mur ensemble, histoire de se retrouver tout les deux ». Je les regarde bizarrement, ne comprenant pas de quoi ils parlent, je ne dis rien. Eux me regardent avec un grand sourire désolé.

    Je me dis : « tiens, ils ont aussi un mur comme pour les personnes de confession juive ? »

    Ils ont vraiment des pratiques particulières. Pour les juifs, je comprends mais pour des protestants, non là je ne vois pas.

    La semaine passe et la maman me reparle du mur, que c’était bien, qu’elle a passé un bon moment avec son mari surtout qu’ils ont encore quatre enfants à la maison (ils ont en huit en tout), qu’ils étaient seuls pour une fois, blablabi et blablabla… Et moi,pendant qu'elle me parlais, je les imaginais devant un mur tout haut avec des inscriptions bibliques et plein d’autres trucs.

    Et puis une nuit, genre un mois plus tard, je repense à cette histoire en me disant mais qu’elle cruche je suis… Elle me parlait de la cueillette des mûres.

     

    Pleins j’ai dit, j’en ai pleins des histoires comme ça.

     

    En fait, je n’ai pas trente-sept ans mais Vingt-sept…

    Moi et des amis au Trocadéro .
    On ne les voit pas mais j'ai mes rollers aux pieds
    Plus précisément des "quad" qui ne m'ont jamais quitté depuis. Ce sont mes précieux.

     

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  • Commentaires

    2
    Lundi 17 Novembre 2014 à 07:11

    Je te confirme ton age, tu as bien xx ans aussi... ^^
    Toi aussi, tu me mets de bonheur ce matin.

    1
    Dimanche 16 Novembre 2014 à 23:51
    Ribamb'elles

    Merci pour cette article plein de bonne humeur !! Et si tu n'as que 27 ans... comment dire... alors idem ;) !!

    Sinon j'avais plein de copains qui faisaient du skate au Trocadero ;) !

    Sandrine

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